Mon nom est personne


J'ai toujours beaucoup aimé le titre de ce film 

de Sergio Léone avec Terence Hill
"Mon nom est personne".

A l'époque de sa sortie, je n'étais pas encore totalement entré 

 en quête de sens, en  quête de soi, en quête du Soi
 mais cette phrase déjà me fascinait.

Elle m'apparaissait, sans savoir pourquoi comme une phrase magique,

 une phrase "baguette magique".

Mon nom est personne.

Elle me fascine
toujours encore beaucoup aujourd'hui.

C'est à cause d'elle ou de ce qu'elle représente 

que je ne peux plus signer de mon nom social.
car celui qui écrit n'est plus ce moi social.

Ces textes ne sont écrits par personne, 

je veux dire par aucune personne connue.

Il eût fallu  d'ailleurs écrire en tête de ce blog la phrase désormais célèbre que l'on voit dans le générique du début des films :

"Toute ressemblance avec des personnes existantes
 ou ayant existé serait pure coïncidence."

Si ces textes ne sont écrits par personne, 


 Alors qui guide la main ?  qui tient la plume ?

Une force ! un élan ! un souffle !

mais surtout pas quelqu'un, 
surtout pas l'ami que l'on connaît de longue date,
surtout pas le frère, le compagnon…,
 non rien de tout cela !

Ces textes sont avant tout miroir d'état particulier de conscience,

 miroir d'une autre réalité qui jaillit spontanément en mots
 car l'état intérieur et son expression sont une seule et même chose.

Mon nom est personne.

Mon nom social n'a plus, comme jadis, de consistance,

 il a été vidé de sa substance, 
il ne devrait d'ailleurs plus s'écrire en écriture liée,
 mais en script comme à la maternelle , 
chaque lettre, de même que chaque pensée, n'étant plus liée aux autres,
 ni à la précédente, ni à la suivante.

Mon nom, comme mon être, est passé du mode continu 

au mode discontinu, 

Le "je" résiduel existe toujours, assurant le fonctionnement quotidien, 

mais il se vit désormais en pointillé :
entre chaque pointillé, rien, juste pur néant… juste pure Lumière.

Je me sens comme un passant de l'existence, 

passant du temps qui passe.

 Il y a plein de trous dans mon emploi du temps,
  plein de trous dans mon emploi à Etre.

Si certains encore me voient inchangé,

 ce ne peut être que dans leur propre regard.

Mais ils ont raison aussi quelque part, je n'ai pas changé.

 La personne qu'ils voient n'a pas changé.
 Elle peut  encore montrer quelque vulnérabilité, quelque fragilité. 
Elle n'a pas été guérie de tout ses maux, de toute son a-normalité.

Ce n'est pas la personne qui apparaît dans ce monde, qui écrit, 

qui s'exprime là dans l'instant qui a disparu, 
c'est la personne qui se voulait comptable du lien entre les instants.

Ma personne n'est plus personne.

Mon "je" est devenu, comme une voiture ou un appartement du même nom,

 un "je" de fonction.

Mon "je" n'est plus à moi.

Il ne devrait d'ailleurs plus s'écrire "je" mais "je(f)"

("je de fonction")
Il es devenu symbole mathématique, objet abstrait 
et pourtant très concret, puisque apte à résoudre les équations les plus ardues, les problèmes les plus difficiles de l'existence.

 Ma personne n'est plus personne.

Elle ne laisse plus de traces temporelles, 

elle est rencontre, synchronicité 
entre un  élan intérieur et un appel extérieur.

Mon nom est personne.

Quel plaisir j'éprouve encore aujourd'hui à écrire cette phrase.


Elle chante à mes oreilles comme la plus douce des mélodies.

Alors j'ai fini par prendre un nom de plume

léger comme le  vent

Mon nom  est pour les autres, non plus pour moi,


 Je ne réponds plus à son appel, 

Mon nom est  personne.

Conscience Est tout ce qui Est.




Nil