Dans votre texte témoignage " Ça passe ou ça casse"vous dites avoir de plus en plus de mal à utiliser le pronom personnel "je".
Oui de plus en plus ; on peut même rajouter tous les pronoms personnels en général : je, tu, vous ou il ...
Vous devez avoir de sérieux problèmes de conjugaison ?
Oui surtout avec les verbes avoir ou être, car avec ces deux verbes, les pronoms personnels ont encore plus de consistance.
Ça va loin ?
Nil ne peut même plus chanter le fameux mantra "Ham So" ou "So ham" pourtant avant très affectionné (1) (Je suis CELA" ou CELA je suis) car sa traduction , du moins en français, fait intervenir le plus gros pronom personnel qui puisse exister : "je" .
Énorme paradoxe que le mantra censé détrôner le "je" chez les chercheurs débutants puisse à un moment donné le ramener chez les trouveurs confirmés.
Non pas du tout le ramener, mais rappeler au corps son ancienne connotation en engendrant dans celui-ci crispations, crampes voir même des micros arrêt respiratoires.
Heureusement que vous précisez "micro" et que arrêt respiratoire ne veut pas dire arrêt cardiaque.
Est-ce que certains noms peuvent aussi vous couper la respiration ?
Oui, quand Nil, en vous répondant prononce le nom commun "personnel" dans la phrase "les pronoms personnels ..." cela peut aussi lui couper le souffle.
Mais le bouquet c'est avec les pronoms dits toniques comme "moi", par exemple dans"chez moi".
Nil apprécie particulièrement les pronoms ou les verbes impersonnels, car quand il les prononce, il a l'impression de prendre en même temps une grande bouffée d'air pur, même plus, comme si son corps respirait l'espace lui-même qui contient l'air.
Qu'est-ce qu'un pronom ou un verbe impersonnel ? allez donnez moi un cours de grammaire.
C'est fréquent lorsque l'on veut parler des phénomène métrologiques comme dans il pleut" : le "il" ici ne se rapporte à rien, il n'est pas une personne, il n'est qu'une tournure de phrase faisant croire à un sujet mais qui est fictif.
Tout à l’heure vous parliez du "tu" ou du vous" : est-ce que ça "vous" fait la même chose ?
Oui, car au cœur de CELA, l'autre n'est plus vu non plus comme une personne, alors qu'elle en est encore intimement persuadée.
Cette persuasion est justement le nœud du problème, le nœud, non de la grande évasion mais de la grande illusion.
Jusqu’à maintenant on a surtout parlé de ce vous ressentiez dans le cadre de vos interactions verbales ou écrites avec un interlocuteur mais quand est-il dans celui du dialogue intérieur ?
Il n'y a plus guère de dialogue intérieur ; il peut toutefois être présent dans le cadre de la vie quotidienne lors de situations concrètes ou techniques à résoudre.
Alors dans ces situations là ressentez-vous toujours ces micro-coupures, ces crispations, cet arrêt sur image lorsque que les mots "je", "moi" ... surgissent dans votre cerveau ?
Votre question est fort pertinente, car il se produit effectivement exactement la même chose et cela est vu immédiatement comme une sorte de persistance, non pas rétinienne, mais neuronale et comme n’appartenant pas à Nil.
Résumons-nous : vous ne pouvez donc plus dire je, vous, tu, il, ni au singulier ni au pluriel, ni "moi"... que ce soit avec un interlocuteur ou en interne et cela semble s’amplifier au fil des années ?
Si vous continuez vous allez ressembler à UG qui lui ne pouvait même plus associer le mot pomme à sa réalité, le fruit qu'il tenait entre ses mains.
Il se peux que ça aille jusque là, seul CELA le sait... en tout cas, il n'y a personne en ce corps ni pour le craindre ni pour le souhaiter.
(1) seule la forme passive peut évidement être utilisée par Nil