De l'Eveil
Q : Vos textes précédents, même si vous n'employez jamais le mot « Eveillé » suggèrent pourtant, pour un connaisseur, que vous l'êtes.
Pouvez-vous le confirmer ?
R : Bien que je comprenne votre question, votre interrogation, qui de votre point de vue est légitime, je ne peux absolument pas y répondre.
Q : Qui ne dit mot consent ?
R : Et bien non je ne peux y consentir car si je le faisait, je reconstruirais dans l'instant une personne qui prétendrait être éveillée :
or il n'y a personne là qui est Eveillé ou qui ne l'est pas.
R : Vous comprenez ?
Q : N'est-ce pas plutôt une pirouette linguistique, une manière d'éluder la question ou une manière de ne pas vous dévoiler.
R : Non voyez cela plutôt comme la marque d'une sensation physique : la tentative même de satisfaire votre curiosité en vous donnant une réponse, me donnerait une forte crampe au cerveau.
Tout forçage d'une pensée ou d'une action qui n'a pas une utilité majeure, tout retour sur soi en tant qu'observateur engendre un fort mal de tête.
C'est comme si vous vouliez vous lever, sans pouvoir le faire car votre jambe est restée longtemps immobile dans la même position.
Vous voyez ça n'est pas que je ne veuilles pas vous répondre,
c'est que je le peux pas.
Dans ce corps il n'y a pas l'ombre d'une pensée sujet de l'Eveil ou au sujet de quoi que ce soit d'autre qui n'est pas appelé par la nécessité de l'instant.
Sous le soleil extérieur, mon corps fait encore de l'ombre, mais plus mon esprit sous le soleil intérieur, car pour engendrer une ombre il faut être un objet compact ; or celui qui vous répond là est désormais sans consistance.
Il marche dans le monde sur la pointe des pieds
ne laissant plus de trace sur le sol de la vie.
Il danse sur la pointe des mots pour qu'ils ne s’enchaînent pas trop les uns aux autres afin que les phrases ne deviennent pas vérité.
Il respire le silence entre les pensées, les paroles afin que le moi ponctuel d'expression reste léger comme une plume et rieur comme un enfant.
Q : eh bien je ne suis loin d'être rendu là !
Il semble que vous croyez encore dur comme fer ne pas être éveillé :
c'est justement là votre nœud.
Non pas que l'Eveil n'est pas là tapit au fond de votre cœur, comme chez tout à chacun, mais la perception de vous-même en tant que personne vous empêche de concevoir un Eveil que ne serait pas une expansion de vous-même,
ou un Eveil qui ne vous arriverait pas.
Un jour pourtant un vent puissant d'Eveil vient abattre le château de carte de la croyance en notre propre réalité laissant apparaître ce qui avait toujours été là : la conscience d'être soi, tranquille et transparente, sans plus personne pour se l'approprier.
Nil
Q : Vos textes précédents, même si vous n'employez jamais le mot « Eveillé » suggèrent pourtant, pour un connaisseur, que vous l'êtes.
Pouvez-vous le confirmer ?
R : Bien que je comprenne votre question, votre interrogation, qui de votre point de vue est légitime, je ne peux absolument pas y répondre.
Q : Qui ne dit mot consent ?
R : Et bien non je ne peux y consentir car si je le faisait, je reconstruirais dans l'instant une personne qui prétendrait être éveillée :
or il n'y a personne là qui est Eveillé ou qui ne l'est pas.
R : Vous comprenez ?
Q : N'est-ce pas plutôt une pirouette linguistique, une manière d'éluder la question ou une manière de ne pas vous dévoiler.
R : Non voyez cela plutôt comme la marque d'une sensation physique : la tentative même de satisfaire votre curiosité en vous donnant une réponse, me donnerait une forte crampe au cerveau.
Tout forçage d'une pensée ou d'une action qui n'a pas une utilité majeure, tout retour sur soi en tant qu'observateur engendre un fort mal de tête.
C'est comme si vous vouliez vous lever, sans pouvoir le faire car votre jambe est restée longtemps immobile dans la même position.
Vous voyez ça n'est pas que je ne veuilles pas vous répondre,
c'est que je le peux pas.
Dans ce corps il n'y a pas l'ombre d'une pensée sujet de l'Eveil ou au sujet de quoi que ce soit d'autre qui n'est pas appelé par la nécessité de l'instant.
Sous le soleil extérieur, mon corps fait encore de l'ombre, mais plus mon esprit sous le soleil intérieur, car pour engendrer une ombre il faut être un objet compact ; or celui qui vous répond là est désormais sans consistance.
Il marche dans le monde sur la pointe des pieds
ne laissant plus de trace sur le sol de la vie.
Il danse sur la pointe des mots pour qu'ils ne s’enchaînent pas trop les uns aux autres afin que les phrases ne deviennent pas vérité.
Il respire le silence entre les pensées, les paroles afin que le moi ponctuel d'expression reste léger comme une plume et rieur comme un enfant.
Q : eh bien je ne suis loin d'être rendu là !
Il semble que vous croyez encore dur comme fer ne pas être éveillé :
c'est justement là votre nœud.
Non pas que l'Eveil n'est pas là tapit au fond de votre cœur, comme chez tout à chacun, mais la perception de vous-même en tant que personne vous empêche de concevoir un Eveil que ne serait pas une expansion de vous-même,
ou un Eveil qui ne vous arriverait pas.
Un jour pourtant un vent puissant d'Eveil vient abattre le château de carte de la croyance en notre propre réalité laissant apparaître ce qui avait toujours été là : la conscience d'être soi, tranquille et transparente, sans plus personne pour se l'approprier.
Nil