Votre autre moitié - original v2

"Je ne peux pas vivre sans toi
 Tu es ma moitié
 Sans toi, je ne suis rien
Ne me quitte jamais"

On vous a vendu un beau mensonge au sujet de l'amour. 
Personne ne va venir vous sauver.
Pas de prince charmant sur son splendide destrier.
Pas de Juliette [ni de Roméo]
Aucun "être d'exception".
Pas de mère de substitution, ni Messie, ni sauveur.
Aucun dieu ne viendra effacer vos doutes, votre souffrance, 
votre impression de vide, ce sentiment de séparation 
et d'abandon incrusté dans vos tripes depuis votre plus jeune âge.

Personne ne pourra sentir, intégrer et métaboliser 
vos sentiments à votre place.
Personne ne peut vivre et mourir pour vous.
Personne n'a le pouvoir de vous distraire en permanence 
de votre voyage intérieur.
Personne ne peut ni vous posséder ni être possédé par vous. 
Ni vous compléter ni vous sauver.

C'est une merveilleuse et terrible nouvelle.
Votre autre moitié, votre complément, votre salut, 
votre objectif ultime dans cette vie 
ne se trouve pas en dehors de vous, mais au plus profond de vous.
C'est votre présence tout à fait singulière, 
brûlante comme un soleil intérieur. 

Tant de gens recherchent
l'amour ou bien tentent de s'accrocher à un amour 
qui semble leur glisser entre les doigts.
Ils ont parfois l'impression d'avoir perdu l'amour et ils essaient de le retrouver, fuyant une inconfortable sensation de sevrage, s'abrutissant à coup de rêves supplémentaires, 
fuyant de plus en plus loin d'eux-mêmes,
à la poursuite d'un idéal qu'ils n'atteindront jamais,
 rêvant toujours de cette "personne si particulière"
 qui viendrait les compléter, leur assurer une vie de sécurité psychologique, être la mère ou le père parfait 
qu'ils n'ont jamais eu sur terre.

Bien sûr, tout ça n'est pas l'amour. 
C'est de la peur, une fuite éperdue de la solitude.
Nous n'avons jamais appris à être seuls.

Si vous pouvez trouver ou perdre l'amour,
si vous pouvez être "dedans" ou "dehors",
s'il peut vous être donné ou repris,
si vous devez vous battre pour lui, prier, supplier, 
manipuler les autres ou vous-même pour l'obtenir,
si vous sentez que vous devez en devenir digne, 
le mériter, vous y accrocher et même le comprendre
alors c'est la version de l'amour élaborée par l'esprit,
c'est un mensonge, pas la réalité.

Si vous aimez, vous êtes présent, c'est tout.
L'amour est simple, bon et ne requiert pas d'effort. 
Si vous aimez quelqu'un, vous êtes présent à cette personne. 
Aussi présent à elle que vous l'êtes à vous-même. 
Aussi présent que le soleil dans le ciel 
malgré les nuages, les tempêtes, le temps sans cesse changeant.

Mais ne confondez pas l'amour et le désir.
Le désir va et vient. 
Il peut s'enflammer mais sa flamme peut aussi s'éteindre.
Le désir n'est pas constant contrairement à l'amour.

Il ne faut pas non plus confondre amour et attraction.
Si belle soit-elle l'attraction va et vient, 
elle se lève et retombe comme une vague dans l'océan.
Elle change avec les saisons, les jours, les heures, les instants.
Elle n'est pas permanente comme l'amour.

Ne confondez pas l'amour avec les émois plaisants et chaleureux,
chimiques, l'obsession euphorique qui accompagne l'état amoureux.
Ces affects agréables on tôt fait de devenir douloureux.
L'amour n'est ni plaisir ni douleur, ni extase ni blessure.
Il est ce qui endure même quand la joie se mue en désespoir.
Il est l'espace de tous les sentiments.

Ne confondez pas l'amour 
avec l'urgence de posséder ou d'être possédé.
L'amour n'est pas l'engouement.
Il n'a ni obsessionnel compulsif.
Il ne se cramponne pas.
L'amour ne possède rien,
 il est sans poids, transparent, sans forme et limpide.
Il ne dit pas 
"J'ai besoin de toi pour mon bonheur, 
mon bien-être, ma vie".

Non, l'amour est synonyme de liberté : 
un coeur grand ouvert et l'envie d'éprouver tous les sentiments,
d'accueillir toutes les pensées.

Le mythe le plus dangereux est celui qui nous dit 
que l'autre a le pouvoir de nous " rendre heureux".

Non, non, et non. 
Le bonheur, le bonheur véritable,
celui qui ne peut être ni acheté ni vendu ni emballé dans un joli paquet, se résume à votre propre présence, 
une présence que personne ne peut vous donner ni vous prendre.
Elle est sans âge, sans forme et pourtant aussi solide et tangible 
que l'expérience qui consiste à lire ces mots en ce moment.

Si un autre est la condition de votre bonheur,
vous serez toujours dépendant de cet autre,
vous aurez toujours peur de le perdre,
anxiété et rancoeur couveront sous votre "amour".
Vous vous adapterez pour lui plaire,
vous ferez taire vos pensées et vos sentiments les plus dérangeants,
fermerez les yeux sur la vérité, 
vivrez dans le fantasme et l'espoir.
Vous vous rendrez malheureux afin de gagner cet amour,
de le garder, d'entretenir sa flamme.
Et vous vous rendrez malheureux 
en essayant de rendre l'autre heureux
ou en vous forçant à être heureux.

Mais il ne s'agit plus d'amour,
il s'agit d'une addiction,
addiction à une personne et à une idée.
C'est une peur déguisée en "histoire d'amour".
Bref, un mensonge.

Pourtant, sous-jacente à toute addiction, 
il y a l'aspiration à un foyer, 
à une Mère au sens le plus profond du terme.

Mais c'est en vous qu'il faut trouver 
le foyer le plus profond qui soit. 

Que votre corps devienne votre foyer et votre mère, 
que votre respiration soit votre père, et votre ventre, qui se soulève et retombe en ce moment, votre plus cher ami. 

Vos mains, vos épaules, les sensations sur votre visage, 
le poids de vos vêtements et les bruits du matin, de l'après-midi, 
du soir, qu'ils deviennent tous vos amants.

Trouvez votre ancrage dans le sentiment d'être en vie,
dans la lueur du regard d'un ami,
dans le brouhaha de la circulation matinale
 ou l'arôme d'un pain qui sort du four,
dans l'attente, l'excitation voire l'ennui  
qui vous accompagnent chaque jour.

Et dans ce lieu de présence, 
passez du temps avec des êtres qui vous nourrissent, 
qui vous aident à vous sentir vivants, 
qui ont de l'empathie pour vous 
et peuvent valider vos précieux sentiments. 

Lorsque vous n'essayez pas de gagner l'amour d'un être, 
lorsque vous ne fuyez pas vos propres sentiments, 
si inconfortables soient-ils, vous pouvez vous autoriser à aimer 
et à être aimé, authentiquement.

Invitez les autres dans votre espace d'amour,
laissez-les y demeurer, laissez-les partir,
inclinez-vous devant la voie qu'ils ont choisie 
et poursuivez la vôtre avec courage.

Mais pas un instant n'adhérez au mensonge selon lequel le salut résiderait ailleurs qu'au coeur même de
votre magnifique présence, 
ce lieu où il n'y a personne à sauver
 et personne pour jouer les sauveurs.

C'est le lieu de la méditation véritable.
Celui où vous éprouvez la vie
et où en retour vous êtes touché par elle,
 instant après instant.

Car vous êtes l'Un, 
vous êtes à vous-même le plus merveilleux amant,
partenaire, ami, gourou et Mère.

Et vous pouvez donc vous dire 
chaque matin lorsque vous vous éveillez 
et chaque soir avant de vous endormir, 
comme avec chaque inspir et chaque expir :

" je ne peux vivre sans moi".
" je me complète moi-même à chaque instant".
" sans moi-même je ne suis rien".
"Là où je commence, 
        la vie commence ... "


Jeff Foster 
"La joie de la vraie méditation "
 chapitre 9 : "Votre autre moitié"